L’HÔTELLERIE POURRAIT PERDRE 50% DE SONACTIVITÉ EN 2020

Laurent DUC

Président de la branche « Hôtellerie »
de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (Umih)

Où en est aujourd’hui le secteur du tourisme d’affaires dans cette période de déconfinement progressif ?

Laurent Duc : Le marché du tourisme d’affaires représente 60 % de l’activité totale des Cafés-Hôtels-RestaurantsDiscothèques (CHRD). Sur cette part, les déplacements professionnels pèsent pour un tiers et cette activité vient de reprendre très doucement. Un autre tiers est représenté par les réunions, séminaires, conventions… et un dernier tiers provient des foires et salons. Ces deux derniers tiers restent aujourd’hui toujours à l’arrêt. Certes, les mesures règlementaires sont levées, sauf qu’il reste un point très important, les établissements de nuit qui n’ont toujours pas l’autorisation de travailler.

En quoi cette activité est stratégique pour le MICE ?

Laurent Duc : Cela représente autour de 6 000 entreprises, dont 4 500 adhèrent à l’Umih. Cette activité est effectivement stratégique pour le MICE, car très complémentaire. Quel que soit le motif : salons, séminaires, réunions… après le travail, il est d’usage de profiter de moments ludiques et de distractions. Si cela n’est pas possible cela péjore l’ensemble des activités principales et, surtout, cela nous met dans une situation concurrentielle très négative par rapport aux autres marchés européens qui n’ont pas ces mêmes contraintes puisque l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Suisse, l’Allemagne… ont déjà levé les contraintes.

« Le marché du tourisme d’affaires représente 60 %
de l’activité totale des Cafés-Hôtels-RestaurantsDiscothèques (CHRD). »

Comment peut s’envisager les prochains mois au niveau du MICE ?

Laurent Duc : D’une façon générale, la clientèle européenne va commencer à revenir chez nous à partir de l’ouverture progressive de l’espace Schengen, en principe à compter du 1er juillet. Pour la clientèle plus lointaine, cela risque d’être plus long et plus compliqué, en fonction des accords internationaux, de l’évolution de la situation sanitaire, et de la règlementation. Pour le tourisme d’affaires, c’est plus compliqué, avec encore plus d’incertitude. La clientèle a pris de nouvelles habitudes avec les visioconférences, le télétravail… Les comportements des entreprises peuvent s’en trouver modifiés avec des réticences pour les organisateurs à planifier des déplacements ou des réunions.

Quels seront les impacts à moyen terme sur les entreprises du secteur ?

Laurent Duc : Globalement, nous pensons que le parc de cafés-restaurants pourrait perdre jusqu’à 30  % de ses adresses, à l’issu de la crise sanitaire. Pour le secteur de l’hôtellerie, il faut s’attendre à une baisse de l’activité à hauteur de 50 % sur l’exercice 2020 et pour le secteur des établissements de nuit, ce pourrait être encore plus grave.

Propos recueillis par Jean-François Bélanger

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