Pourquoi était-il important pour la Guyane d’être présente cette année encore sur le salon IMDA (International MICE Destinations Area) ?
Jean Luk Le West : Pour nous, être présents sur des salons comme l’IMDA est essentiel. C’est grâce à eux que la destination gagne en visibilité, et celle-ci est capitale pour la Guyane. Nous savons que nous souffrons d’un certain déficit de notoriété : il faut le combler, oui, mais sans en faire trop non plus. La Guyane n’a pas vocation à devenir une destination de tourisme de masse. Que ce soit pour le tourisme d’affaires ou d’agrément, nous tenons à préserver un esprit confidentiel, cohérent avec la taille et la nature de notre territoire. La Guyane est grande comme l’Autriche ou le Portugal, mais ne compte qu’environ 300 000 habitants. L’empreinte humaine y reste faible et nous voulons qu’elle le demeure. Notre objectif est de développer un tourisme équilibré, respectueux, qui permette aux visiteurs de découvrir l’essentiel du territoire tout en limitant l’impact sur l’environnement. C’est un défi, car les opérateurs doivent couvrir un espace immense, mais la qualité de l’expérience prime sur le volume.
Comment s’est déroulée cette 3e édition du salon IMDA pour la destination ?
Jean Luk Le West : Le salon IMDA est pour nous un moment très positif. Les rencontres sont riches, variées, et certaines relations initiées sur la précédente édition ont déjà débouché sur des projets concrets. Cette présence doit s’inscrire dans la durée : c’est ainsi que se construit la confiance et que la Guyane avance pas à pas sur le marché MICE.
Justement, quelle place occupe le marché MICE dans votre stratégie ?
Jean Luk Le West : Ce marché est primordial. Aujourd’hui, entre 70 % et 80 % de la clientèle hôtelière en Guyane est constituée de voyageurs d’affaires, notamment à Cayenne et Kourou. Sur les quelque 150 000 touristes que nous accueillons chaque année, près de 60 % viennent pour des raisons professionnelles – y compris le MICE – fortement lié au centre spatial, qui attire de nombreux visiteurs. Notre ambition est de faire connaître davantage la Guyane comme une destination capable d’accueillir des séminaires, incentives et voyages de cohésion d’équipe dans un cadre à la fois authentique et exceptionnel. Nous avons déjà reçu de grandes marques internationales venues organiser des séminaires au cœur de la forêt amazonienne, transformant un site à leurs couleurs tout en respectant l’écosystème local. Ici, on peut loger dans des hôtels confortables, des bungalows forestiers ou des carbets traditionnels, puis, le soir venu, assister à un tir spatial ou visiter la base de lancement. C’est cette diversité, typiquement guyanaise, qui séduit : le contraste entre nature sauvage, haute technologie et authenticité culturelle.
La Guyane souffre parfois d’une image méconnue. Quels messages souhaitez-vous faire passer aux voyageurs ?
Jean Luk Le West : Il faut démystifier. Beaucoup de peurs viennent de la méconnaissance. En forêt, l’animal le plus dangereux reste l’homme ! Croiser un jaguar est rarissime, et il fuira avant vous. Côté sécurité, il n’y a pas plus d’inquiétude qu’à Paris. Et contrairement à certains clichés, la Guyane n’est pas « l’enfer vert » : pour nous, le vert est la couleur de la vie. Nos atouts sont uniques. Nous sommes français, européens, le seul territoire d’Amérique du Sud où vous pouvez boire l’eau du robinet sans risque. C’est la France, mais une autre France : dépaysante, métissée, connectée à la nature. Ici, on vit bien, on respire un air pur, on apprend des savoirs ancestraux transmis par les peuples premiers. Préserver notre environnement est dans notre ADN. Il nous protège autant que nous le protégeons.
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Propos recueillis par Blandine Fleury