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Quand les briefs portent sur une destination hors de France, quels sont les pays en tête de liste ? Pour quelles raisons ? C’est ce que nous avons demandé à six agences événementielles. Sans surprise, l’Europe offre une belle variété de solutions, compatibles notamment avec les exigences RSE.
Le monde est vaste, mais l’événementiel a tendance à se concentrer sur une poignée de destinations. C’est ce qui ressort des témoignages des agences. Leurs clients, lorsqu’ils décident de sortir de France, optent principalement pour des pays proches, en majorité européens, facilement accessibles en avion, ou éventuellement en train, sur de courtes durées. Thierry Ferreira, directeur du pôle Travel chez Moma Event, observe que l’appétence des entreprises à réunir leurs collaborateurs est toujours présente, y compris à l’étranger. Son top 5 : l’Espagne, le Portugal, l’Italie, la Suède et le Maroc. « Les voyages incentives sont souvent programmés au printemps, et nos clients recherchent un climat agréable », dit-il. La tendance des voyages moyen-courriers s’est accélérée depuis le Covid-19. Selon lui, chaque pays a ses atouts. L’Espagne offre beaucoup de solutions, avec des paysages différents suivant la localisation, sur le continent ou dans les îles. « En outre, l’exemption de TVA espagnole sur les événements corporate est un argument favorable », précise-t-il.
Au Portugal, les destinations gagnantes sont Lisbonne et Porto. En Italie, c’est la Toscane qui est le plus souvent choisie. En Suède, la capitale Stockholm répond bien aux critères RSE des entreprises. « Le Maroc, surtout Marrakech, est une destination événementielle incontournable, contre vents et marées, ajoute-t-il. C’est un dépaysement assuré, à 3 heures de Paris, qui allie la ville et les expériences dans le désert. »
Le Maroc, surtout Marrakech, est une destination événementielle incontournable, contre vents et marées.
Thierry Ferreira - Moma Event
Toutes ces destinations sont accessibles en avion, en format 3 nuits sur place. « Les destinations accessibles en train sont peu nombreuses, reconnaît Thierry Ferreira. On propose Milan, la Suisse, Bruxelles et Amsterdam. Londres est chère et plus compliquée en raison du passeport et du nouveau visa. » Une nouvelle destination fait son apparition depuis quelque temps : l’île de Sal dans l’archipel du Cap-Vert, en format 4 nuits. « C’est clair que nous avons perdu notre terrain de jeu au Moyen-Orient, en raison du conflit en Israël. Les clients font un amalgame et délaissent l’Égypte, par exemple », regrette-t-il.
Quant aux destinations long-courriers, elles sont moins demandées. « Récemment, j’ai reçu seulement deux briefs sur le Japon et les États-Unis. ». Sur cette dernière destination, l’effet négatif de Trump ne se fait pas encore sentir, mais c’est plutôt le taux actuel du dollar qui est de nature à freiner les déplacements outre-Atlantique. Suivant le type d’événement (incentive, séminaire, voyage d’étude, essai de voitures pour la presse), la taille du groupe et la destination, les budgets des voyages vont de 2 000 à 6 000 euros par participant. L’agence propose systématiquement une compensation carbone des voyages, budgetisée dès la première étape du brief. « Globalement, elle est acceptée », admet-il.
En ce moment, ce sont les destinations européennes qui tirent la demande sur l’international. Beaucoup de nos clients optent en priorité pour le Portugal ou l’Espagne. Ensuite, en troisième position, c’est l’Italie, qui est plus chère cependant.
Anne-Sophie Azzopardi - Hopscotch Event
Chez Hopscotch Event, la directrice associée Anne-Sophie Azzopardi apporte son témoignage. « En ce moment, ce sont les destinations européennes qui tirent la demande sur l’international, dit-elle. Beaucoup de nos clients optent en priorité pour le Portugal ou l’Espagne. Ensuite, en troisième position, c’est l’Italie, qui est plus chère cependant. »
En Espagne, Séville et Madrid sont plus prisées que Barcelone et Bilbao. Au Portugal, les clients de Hopscotch Event choisissent la capitale Lisbonne, qui offre une bonne qualité hôtelière, une ambiance dynamique, de nombreux lieux hybrides. « La ville de Porto est également demandée lors d’événements liés à l’automobile, car les routes de la vallée du Douro sont très adaptées, ajoute-t-elle. Faro est choisie pour les conventions, en raison de ses grandes capacités hôtelières. » Et de citer également la Grèce, qui semble bénéficier de l’effet des Jeux olympiques de 2024. « La destination, et Athènes en particulier, est facilement accessible, a un climat agréable, apporte une touche dépaysante, et dispose d’une logistique fluide pour organiser un événement. »
La tendance est claire. « On assiste à une demande récurrente pour des villes accessibles en train, comme Amsterdam, Bruxelles ou Genève, ou accessibles en avion, à moins de deux heures de vol », précise Anne-Sophie Azzopardi. Selon elle, cette demande s’est accentuée depuis deux ans, pour répondre à des enjeux environnementaux, y compris pour des comités de direction.
Les destinations long-courriers, elles, sont délaissées dans le cadre de séminaires internes. Elles sont plutôt réservées à des voyages récompenses, à l’attention des meilleurs clients des entreprises.
Lorsque les clients décident de sortir de l’Hexagone pour leurs séminaires, ils vont dans des pays proches, en train lorsque c’est possible, ou dans un rayon de deux heures d’avion.
Éric Tordjman - DSO
Éric Tordjman, directeur de DSO, observe les mêmes tendances. Les restrictions de budget, plus les contraintes liées à la RSE, poussent les entreprises à revoir leurs ambitions de voyages à la baisse. « Lorsque les clients décident de sortir de l’Hexagone pour leurs séminaires, ils vont dans des pays proches, en train lorsque c’est possible, ou dans un rayon de deux heures d’avion », constate-t-il. Direction, les destinations européennes, de préférence au chaud : l’Espagne (Barcelone, Madrid), le Portugal (l’Algarve, Porto, Lisbonne) et la Croatie dans une moindre mesure. « Là où le rapport qualité/prix est plus intéressant qu’en France », résume-t-il. Quand elles organisent des événements, les entreprises choisissent aussi les destinations en fonction de la localisation d’une succursale par exemple, en alternance avec la France. Elles se déplacent sur des congrès, lorsque l’événement est tournant. « Nous n’avons pas de demandes de déplacements sur des destinations long-courriers, à part sur les Dom-Tom, pour des réunions internes de travail. Sinon, ce sont des visioconférences. »
Le Japon est à la mode cette année en raison de l’Exposition universelle qui se tient à Osaka jusqu’en octobre.
Élodie Dufour - WMH Project
Pour Alice Dupaigne, directrice générale de l’agence Ice Events, les budgets des séminaires internes ont rétréci, tout comme la durée des séjours. « On bouge de moins en moins, cette tendance s’est amplifiéedepuis le Covid-19 », souligne-t-elle.
Implantée à Lille, ses clients choisissent la Belgique toute proche puis l’Europe du Sud en priorité (l’Espagne, le Portugal, l’Italie), ou l’Europe de l’Est et du Nord. « La Grande-Bretagne est devenue plus compliquée et plus chère », regrette-t-elle. Le contexte des déplacements a changé. Les destinations lointaines, avec de nombreuses heures d’avion au lourd bilan carbone, ne correspondent plus aux valeurs de tourisme vertueux et durable, que défendent à la fois l’agence et l’entreprise.
« Par exemple, les beaux voyages qui récompensent les challenges de ventes dans la grande distribution sont beaucoup moins nombreux », observe-t-elle. De même, le contenu des voyages a évolué : « Lors des séminaires, on essaie de donner plus de sens et une autre approche de la cohésion. » Quant aux conventions annuelles, elles sont toujours nécessaires pour transmettre des messages, mais davantage organisées en France, ou suivies à distance.
La Grande-Bretagne est devenue plus compliquée et plus chère.
Alice Dupaigne - Ice Events
Alexandre Slama, directeur de l’agence Equatour, experte dans l’organisation de congrès médicaux, a un autre regard sur la géographie événementielle. « Nous travaillons beaucoup avec les laboratoires et les destinations de congrès se sont imposées d’année en année », explique-t-il. Les grandes messes médicales sur le thème de l’oncologie se déroulent souvent aux États-Unis. Pour le moment, les participants continuent à se déplacer. Il existe aussi des congrès importants en Espagne, Allemagne et Italie et, à plus petite échelle, en France.
Pour sa part, l’agence WMH Project évoque des voyages long-courriers pour des opérations incentives. « Le Japon est à la mode cette année en raison de l’Exposition universelle qui se tient à Osaka jusqu’en octobre, assure Élodie Dufour, directrice de la communication du pôle Incentive & Travel. Et d’ajouter la destination Abu Dhabi dans la liste, « loin de l’image de démesure qu’on lui donne habituellement ». Selon elle, la ville est en pleine métamorphose, et allie la culture (le musée du Louvre et le futur musée Guggenheim) aux immersions inédites dans les paysages désertiques. Pour ces deux pays, l’agence conseille aux clients, bien sûr, de rester six nuits sur place.
Nous travaillons beaucoup avec les laboratoires et les destinations de congrès se sont imposées d’année en année.
Alexandre Slama - Equatour