« En 2025, la concurrence s’est accrue avec le train sur le marché domestique »

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BAR FRANCE Jean-Pierre Sauvage

Pouvez-vous commenter les derniers chiffres sur le trafic aérien en 2025 ?
Jean-Pierre Sauvage : À fin novembre, nous avons connaissance du nombre de passagers jusqu’à fin septembre. Globalement, le marché aérien français a rattrapé le niveau de 2019, avec une légère augmentation de 1,3 %. En cumul, comparé à 2024, il est en progression de 2,9 %.


Quelles différences pointez-vous entre le trafic domestique et l’international ?
Jean-Pierre Sauvage : Le trafic domestique français est en retard de 1,4 % par rapport à 2024, et surtout il accuse une baisse de 21% comparé à 2019. Le trafic international est le plus porteur, avec une hausse de 3,6% comparé à n-1, et une progression de 6 % comparé à 2019. Il a largement récupéré le niveau de l’avant-Covid-19.


Pouvez-vous détailler l’évolution du trafic par axe géographique ?
Jean-Pierre Sauvage : Le marché européen, qui représente une grosse partie du trafic international, marque une hausse de 2,20 % par rapport à 2024. Le trafic sur l’Amérique Nord et Sud progresse de 3,7%. L’Asie a repris des couleurs, avec 7 % de progression. À noter : le trafic sur l’Afrique a bondi de 6,8 % comparé à 2024 et surtout de 31 % par rapport à 2019.


Quelles sont les tendances par aéroport ?
Jean-Pierre Sauvage : Sur la plateforme de CDG, moteur du trafic, la hausse est de 3 % sur 2024, mais la baisse est de 6% par rapport à 2019. Orly performe avec +4,7 % comparé à 2024 et +8 % comparé à 2019. Les aéroports de Bordeaux, Lyon, Toulouse sont en retard sur 2019, mais Marseille et Nice sont en positif.


Quelle est la part des compagnies low cost sur le marché français ?
Jean-Pierre Sauvage : Entre 2019 et 2024, la part des low cost a significativement augmenté de 9 points, en passant de 35 % du volume de passagers à 44 %. À Paris-Orly, par exemple, le trafic low cost a bondi de 64 % en raison de la présence de Transavia.

La hausse de la TSBA a conduit à une majoration des tarifs des billets d’avion jusqu’à deux points.

Le déclin de l’aérien se confirme sur le marché domestique. Quelles explications donnez-vous ?
Jean-Pierre Sauvage : La concurrence s’est accrue avec le transport en train sur le marché intérieur français, aussi bien auprès de la clientèle individuelle que la clientèle des entreprises. Un autre phénomène a pris de l’ampleur cette année : la hausse de la TSBA (taxe de solidarité sur les billets d’avion) a provoqué le retrait de certaines compagnies low cost des aéroports régionaux. D’où la bascule accélérée vers le train.


À ce jour, quel est l’impact global de la TSBA sur le trafic en France ?
Jean-Pierre Sauvage : Cette taxe n’est pas un facteur d’enthousiasme, c’est le moins que l’on puisse dire ! Depuis son application au 1er mars 2025, la hausse de la TSBA a conduit à une majoration des tarifs des billets d’avion jusqu’à deux points, selon une étude de la DGAC. Elle a un effet ralentissant sur la demande, davantage ressenti sur le trafic domestique ou proche que sur l’international. Et sur les 850 millions d’euros attendus de la collecte, pas un centime ne retourne à l‘aérien !


Les compagnies renforcent leurs classes premium, qu’en pensez-vous ?
Jean-Pierre Sauvage : Elles s’adaptent au comportement des voyageurs loisirs et affaires, à la recherche d’une solution plus économique que la business et plus confortable que la classe éco. La valeur du produit s’est décalée.


Un délai supplémentaire a été demandé par IATA pour atteindre les objectifs de décarbonation de l’aviation. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Pierre Sauvage : Les énergéticiens ne peuvent pas investir dans de gros volumes de carburants décarbonés s’ils n’ont pas une vision claire des achats. Et les compagnies ne peuvent pas s’engager sur des volumes si elles n’ont pas de garantie sur les prix. On en est là, c’est une situation de fait. À l’horizon 2050, il faudrait une production de 450 millions de tonnes de SAF (Sustainable Aviation Fuel), or l’Europe n’en produit que 1,5 million aujourd’hui. On est loin du compte !


Comment se présente l’année 2026 ?
Jean-Pierre Sauvage : Les perspectives sont positives au niveau mondial selon IATA qui table sur 3 à 4 % de progression du trafic. En France, une incertitude persiste sous le coup de trois effets conjugués : écologique, économique et fiscal. Le principal enjeu est de maintenir la connectivité entre les villes pour le secteur affaires et tourisme.
Propos recueillis par Catalina Cueto

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