En tant que président de Lévénement, qui regroupe une centaine d’agences, quel regard portez-vous sur l’année 2025 ?
Stéphane Abitbol : Comme on s’y attendait, l’année 2025 est en retrait par rapport à l’année 2024 qui, elle, était exceptionnelle. Je rappelle que les trois années 2022, 2023 et 2024 ont connu une très forte croissance, en raison du rattrapage post-Covid-19 et de l’effet des Jeux olympiques et paralympiques. La période actuelle est marquée par un manque de confiance des entreprises et par des budgets contraints. Dans le détail, les secteurs du travel et de l’incentive ont bien fonctionné en 2025, alors que les séminaires liés au corporate ont davantage souffert, en raison du flou artistique qui pénalise les décisions d’investissement.
Pouvez-vous dégager des points positifs de cette année qui s’achève ?
Stéphane Abitbol : L’univers de la communication est très résilient. D’après un récent sondage réalisé par Lévénement, 86 % de nos clients estiment que la communication événementielle est un catalyseur de transformation pour leurs entreprises, et 64 % la considèrent comme un élément central dans la construction de la marque. Du côté des agences, elles se rassemblent, se structurent et s’exportent. Le marché de l’événementiel reste dynamique et continue à se consolider pour être plus fort. Nous avons des champions européens.
Et les points négatifs ?
Stéphane Abitbol : Dans les points négatifs, je citerais à nouveau la crise actuelle, que je qualifierais de crise de confiance plutôt que de crise économique. Il y a de l’argent, mais il n’y a pas d’investissement. Les entreprises clientes manquent de visibilité sur l’avenir, ce qui explique l’attentisme ambiant.
Quels sont les secteurs économiques les plus touchés par l’attentisme ?
Stéphane Abitbol : Le secteur de la santé fonctionne très bien. Le secteur du luxe est légèrement en retrait, tout comme celui de l’immobilier. L’automobile continue à souffrir.
Comment les agences s’adaptent-elles à l’évolution de la demande ?
Stéphane Abitbol : Entre les agences et leurs clients, il y a une prise de conscience collective sur la nouvelle façon de travailler ensemble. Notamment, sur la récurrence des appels d’offres. Selon notre baromètre clients, 56 % d’entre eux sont conscients des coûts que les appels d’offres engendrent. C’est une charge supérieure à 10 000 euros, voire au-delà de 25000 euros. Une nouvelle tendance s’installe qui consiste à sélectionner des agences référentes pendant une période déterminée et de leur distribuer le travail en fonction du volume. Cette pratique vertueuse permet de réajuster et redimensionner les équipes dans les agences, en apportant plus de stabilité.
Où en est le dossier sur de la convention collective, porté par Lévénement ?
Stéphane Abitbol : Nous avons négocié une convention collective unique qui remplace la dizaine de conventions qui régissaient le secteur de l’événementiel jusqu’à présent. Près de 80 % de nos adhérents l’ont adoptée. Cela implique une révision des salaires minima, des conditions de travail le dimanche et les jours fériés, le dépassement d’horaires, dans le cadre d’un contrat à durée déterminée d’usage (CDDU).
Selon vous, quels sont les enjeux actuels pour le secteur ?
Stéphane Abitbol : Nous devons mettre en avant la valeur qu’apporte une agence événementielle, en matière de créativité, conseil, garantie, assurance. La labellisation RSE, la RGPDD et la cyber-sécurité sont des points essentiels à respecter, car les contrats sont de plus en plus complexes.
Comment se présente le carnet de commandes pour 2026 ?
Stéphane Abitbol : Nos adhérents enregistrent beaucoup d’appels d’offres pour le premier semestre 2026. Les budgets sont identiques à ceux de 2025, sachant qu’ils ont baissé par rapport à 2024. Notre métier a grandi et il faut rester optimiste !
Propos recueillis par Catalina Cueto